Speak up africa

Gloria, dix ans, vit à Boane, au Mozambique, avec ses parents, son frère de dix-sept ans et sa sœur de quatorze ans. Lorsque le cyclone a frappé leur village, Gloria se souvient d'avoir été réveillée par son père alors que de fortes pluies commençaient à tomber.

Lorsque nous avons quitté notre maison, l’eau montait jusqu'au cou

 », raconte Gloria. Son père a rassemblé la famille et tous se sont dirigés vers un terrain plus élevé où se trouvait la maison de ses grands-parents bondée de tantes, d'oncles et de cousins à la recherche eux aussi d'un endroit sûr pour dormir.

Un mois s'est écoulé avant que la famille ne puisse retourner chez elle. « 

 », poursuit Gloria. La maison était en ruine et de nombreux objets personnels et de valeur avaient disparu. « 

J'ai perdu une poupée que mon père m'avait offerte pour mon anniversaire

Leur moustiquaire avait disparu, emportée par l’inondation, et l'eau stagnante avait créé un environnement idéal pour la reproduction des moustiques et la propagation du paludisme.

Peu de temps après son retour, Gloria se souvient de maux de tête et de douleurs qui l'ont forcée à se rendre à l'hôpital. « 

L'endroit était inondé. C'est à ce moment-là que j'ai attrapé le paludisme.

Les cas de paludisme ont augmenté dans la région après les inondations, et les familles sont encore régulièrement confrontées à cette maladie débilitante et mortelle, ce qui met à rude épreuve des services de santé déjà en difficulté. «

 Il y a eu des pénuries de médicaments en raison de l'augmentation des cas de paludisme

nous devons nous rendre dans plusieurs hôpitaux pour trouver des médicaments. 

Un an après le cyclone, la famille est toujours en train de reconstruire ce qu'elle a perdu. « 

Nous avions des arbres qui produisaient des fruits et de l'ombre

chaque fois qu'il y a une inondation, nous devons repartir de zéro

. » Isaura explique que sa communauté est confrontée à des conditions météorologiques de plus en plus extrêmes. « 

Avant, quand il pleuvait, c'était utile pour l'agriculture. Maintenant, quand il pleut, il pleut à verse. On dirait qu'il pleut pour détruire

Les programmes de lutte contre le paludisme doivent bénéficier d'un financement plus important pour pouvoir résister aux phénomènes météorologiques extrêmes. Isaura estime qu'il faut fournir à la population davantage de moustiquaires et de médicaments pour lutter contre le paludisme. « 

Nous avons vraiment besoin de moustiquaires. À cause des inondations, elles sont devenues très sales. La boue les a détruites

nous voulons l'éliminer immédiatement. Il tue. Nous avons besoin de plus de mesures de prévention.

 » En tant que mère, Isaura estime qu'il est important d'écouter les expériences des enfants en matière de paludisme. « 

Leur expérience peut aider d'autres enfants, afin qu'ils sachent comment se protéger 

seule une personne qui a souffert de la maladie peut expliquer ce qu'elle ressent.

Mozambique

L'histoire de Gloria et Rosa  

Les enfants sont les plus vulnérables face au paludisme et pourtant leur voix n'est souvent pas prise en compte. Nous devons écouter les histoires des enfants pour mieux comprendre l'impact du paludisme sur leur vie. Faisons résonner leur voix pour une Afrique sans paludisme. Il est temps de changer l'histoire.

Il est temps de changer l’histoire

Jamais auparavant nous n'avions disposé d'un ensemble d'outils aussi puissants pour lutter contre le paludisme : des moustiquaires de nouvelle génération aux vaccins, en passant par les nouveaux médicaments antipaludéens.

En ce moment même, des scientifiques spécialisés dans la lutte contre le paludisme en Afrique et dans le monde entier travaillent ensemble pour mettre au point des innovations qui changeront la donne et nous aideront à nous débarrasser du paludisme une fois pour toutes.

L'innovation est essentielle pour sauver des millions de vies  

Jose et Anabela ont quatre enfants : Marta, quatorze ans, William, dix ans, Etelvino, sept ans, et Nassima, un an. Le souvenir du cyclone qui a frappé leur communauté, Boane, alors qu'Anabela était enceinte de neuf mois de Nassima, est encore frais dans leur mémoire.

Anabela se souvient d'avoir été réveillée par un voisin au petit matin alors que l'eau montait rapidement autour de leur maison. « 

Avec l'aide des voisins, nous avons dû improviser une échelle. Ils sont tous montés. 

» Pendant que ses enfants grimpaient sur le toit, Anabela a rassemblé des documents importants et des objets personnels à l'intérieur de la maison avant qu'ils ne soient détruits. Elle hésitait à grimper en raison de sa grossesse avancée, mais à mesure que l'eau montait, elle n'a pas eu le choix. « 

Mon ventre était gros, mais Dieu m'a donné de la force. J'ai grimpé sur le toit. Nous sommes restés là pendant des heures. 

Jose, qui travaillait alors de nuit, n'avait aucune idée de la situation dans laquelle se trouvaient sa femme et ses enfants. Il se souvient avoir appelé Anabela ce matin-là. «

 Je l'ai appelée : ‘Comment ça se passe à la maison ?’ Elle m'a répondu : ‘Nous sommes sur le toit !’ J'ai demandé : ‘Comment ça, vous êtes sur le toit de la maison ?’ Elle m'a répondu : ‘La situation est mauvaise ici’. 

Jose a eu du mal à retrouver sa famille en raison des inondations et du chaos. «

 J'ai essayé de venir ici — parce que ce qui me faisait le plus mal, c'est qu’Anabela était enceinte. 

» Mais des heures se sont écoulées avant que les bateaux puissent secourir les personnes bloquées et que Jose puisse retrouver sa femme et ses enfants.

Il a fallu attendre une semaine pour que la famille puisse retourner chez elle, mais l'épreuve n'était pas terminée : en dépit de la décrue il restait de grandes quantités d'eau stagnante — un terrain idéal pour les moustiques porteurs de paludisme. « 

Après le cyclone, le paludisme a fait son apparition 

Lorsque mes enfants sont tombés malades du paludisme, j'ai beaucoup souffert, 

ma femme était également atteinte. Elle souffrait vraiment. Elle tremblait et grinçait des dents. J'ai cru qu'elle allait mourir.

J’avais un bébé d’un mois, ce n’était pas 

je suis allée à l'hôpital, il n'y avait pas de médicaments : le grand nombre de personnes atteintes de paludisme se présentant à l’hôpital avait provoqué une rupture de stock.

L’épidémie de paludisme ayant suivi le cyclone était évidente à l'hôpital, qui était débordé. « 

Les hôpitaux étaient toujours bondés, enfants et adultes dormaient allongés sur le sol

c'était terrifiant, c'était vraiment triste.

Ce n'était pas facile de travailler, de manger, de s'occuper des enfants

j’avais peur qu'ils meurent, et si je mourais, qui allait s'occuper des enfants et de mon mari ? Laisser mes enfants, mon bébé surtout qui avait un mois. Cette maladie est terrifiante. 

Heureusement, Jose et Anabela ont pu obtenir des médicaments pour leurs enfants et pour elle, et avec le temps chacun s'est complètement rétabli. L'expérience a néanmoins été traumatisante pour la famille. Jose se réveille encore au milieu de la nuit pour vérifier que les moustiquaires de ses enfants sont bien en place. « 

J'ai très peur, très peur du paludisme qui pourrait un jour revenir, pour moi ou ma famille

Anabela et Jose apprécient les efforts incroyables des programmes axés sur leur communauté, tels que les pulvérisations d'insecticides effectuées par Tchau Tchau Malaria, qui, selon eux, permettent de tenir le paludisme en échec. Mais avec le changement climatique, les phénomènes météorologiques extrêmes qui emportent les insecticides et laissent les maisons en proie à des eaux stagnantes dangereuses sont de plus en plus fréquents. Pour pouvoir relever ces défis, les programmes de lutte contre le paludisme et les systèmes de santé ont besoin d'un financement plus important.

Des outils innovants tels que les nouveaux vaccins antipaludiques, ainsi que d'autres outils tels que les moustiquaires et les pulvérisations à effet rémanent à l’intérieur des habitations, sont une lueur d'espoir pour les parents inquiets comme Jose et Anabela. « 

Si j'entends qu'il existe un vaccin pour éliminer le paludisme, je me précipiterai pour me faire vacciner avec ma famille 

, j’emmènerai toute ma famille se faire vacciner. 

L'histoire de Jose et Anabela 

Nous sommes confrontés à une convergence de défis sans précédent. Les phénomènes météorologiques extrêmes, les crises humanitaires, l'instabilité économique, la résistance aux insecticides et aux médicaments et le manque de financement rendent la lutte contre le paludisme plus difficile.

Si nous n'agissons pas maintenant contre le paludisme, nous assisterons à une recrudescence des cas et des décès dus à la maladie. Une nouvelle modélisation montre que sans une augmentation du financement mondial de la lutte contre le paludisme, 280 000 vies supplémentaires pourraient être perdues. 80 % d'entre elles sont des enfants.

Faire face à une convergence de défis sans précédent 

L'année 2025 est l'occasion de se remettre sur la voie de l’élimination.La reconstitution des ressources du Fonds mondial en 2025 déterminera si nous nous maintenons à un certain niveau grâce aux progrès accomplis ou si nous prenons encore plus de retard.

Il est temps de changer l'histoire pour des millions d'enfants dans le monde.

Nous appelons les dirigeants mondiaux à soutenir le Fonds mondial cette année afin de garantir les ressources nécessaires pour lutter contre le paludisme avec une énergie renouvelée.

Il est temps d'agir 

Adelaide, 48 ans, est la terreur des moustiques. En tant que pulvérisatrice en chef, elle dirige le programme de pulvérisation à effet rémanentà l’intérieur des habitations (PID) contre le paludisme Tchau Tchau Malaria (« au revoir paludisme ») à Boane, au Mozambique, à la tête d'une équipe de pulvérisatrices entièrement féminine.

La pulvérisation d'insecticide est une méthode très efficace pour tuer les moustiques et arrêter le cycle de reproduction, mais seulement si au moins 80 % des maisons ciblées sont pulvérisées. C'est pourquoi il est si important qu'Adélaïde et son équipe soient identifiées par les bénéficiaires et jugées dignes de confiance. Avant chaque campagne de pulvérisation, elles font du porte-à-porte pour parler du programme aux habitants.

« Il est très important que la communauté sache quand les pulvérisations auront lieu explique Adelaide, les habitants doivent également savoir comment préparer leurs maisons, en couvrant les objets pour les protéger de l’insecticide. »

« Il est difficile d'atteindre tout le monde, car les gens partent tôt le matin pour travailler dans les champs et ne rentrent que tard le soir. Parfois, nous devons laisser des brochures sur leursportes. »

Une fois qu'une maison a été pulvérisée, elle est marquée d'un autocollant sur la façade— c'est ainsi que l'équipe suit ses progrès vers l'objectif de 80 %.

« Lorsque le cyclone Freddy a frappé Boane, la situation a été très difficile, poursuit Adelaide, de nombreuses maisons ont été détruites. L'insecticide que nous avions pulvérisé auparavant a été neutralisé par les inondations. Et qui dit beaucoup d'eau dit beaucoup de moustiques. Nous avons donc dû tout pulvériser à nouveau pour protéger nos communautés. »

« Après les inondations, les cas de paludisme ont augmenté. Le paludisme a fait payer un lourd tribut à cette communauté. Des enfants sont morts. Nous savons que le dépistage précoce du paludisme permet de sauver des vies. Mais l'une des difficultés auxquelles nous sommes confrontés avec les enfants est qu'ils peuvent avoir du mal à expliquer leurs symptômes. »

Tragiquement, Adelaide a vécu personnellement la douleur de perdre un enfant à cause de la maladie. Récemment, sa nièce a reçu un diagnostic de paludisme dans une clinique locale. « Nous l'avons emmenée d'urgence à l'hôpital, mais elle n'a pas survécu... Elle n'avait que 16 ans. 

C'est pourquoi les pulvérisations sont importantes, explique Adelaide, car le paludisme est une maladie très dangereuse qui tue. » 

L'impact qu'elle peut avoir sur sa communauté en tant que femme jouant un rôle de premier plan dans la lutte contre le paludisme est gratifiant pour Adelaide : « Je suis très fière de mon travail. Il est important que les femmes soient impliquées. Beaucoup d'entre nous sont des mères. Nous avons un instinct maternel. Nous voulons protéger et prendre soin de notre communauté. »

« Nous sommes également des modèles pour la communauté. Je suis fière de pouvoir subvenir aux besoins de ma famille et de lui offrir la sécurité. Et je suis fière de mon équipe. Nous sommes un exemple pour les jeunes, en particulier les filles. » 

L'histoire d'Adelaide

goodbye malaria

Voici David et Shakira, deux jeunes danseurs talentueux de Kigali, au Rwanda, membres de la troupe de Sherrie Silver, lauréate d'un Grammy Award. Pour eux, la danse n'est pas seulement un passe-temps, c'est une source de joie et de force.

 La danse me rend heureuse. Elle me permet d'oublier pourquoi je me sens triste

 », déclare David, 12 ans, tandis que Shakira, 11 ans, fait part de ses rêves : « 

Je veux devenir une superstar mondiale de la danse.

Mais comme beaucoup d'enfants au Rwanda, leur parcours ne s'est pas fait sans le défi de lutter contre le paludisme. David et Shakira ont tous deux souffert du paludisme récemment, une maladie potentiellement mortelle qui pèse encore sur tous les membres de leur communauté.

Le paludisme a été une période difficile pour moi, car je ne pouvais pas sortir jouer ou aller à l'école. L'école m'a vraiment manqué. Je déteste le paludisme

 », confie David. Pour Shakira, l'histoire est également familière : « 

Je restais dans mon lit, je ne pouvais pas sortir, je ne pouvais rien avaler, et si je mangeais, je vomissais. 

Le paludisme est une maladie horrible, mais contre laquelle le Rwanda a fait des progrès ces dernières années.

David et Shakira font partie de ce changement. Ils savent qu'il est important de se protéger et de protéger leur communauté. « 

Maintenant, je dors sous la super moustiquaire [moustiquaire de nouvelle génération], j'utilise une crème anti-paludisme et je prends des médicaments et de l'eau chaque fois que j'en ai besoin

Ces progrès sont le fruit d'un effort collectif. Le Rwanda a formé environ 60 000 agents de santé communautaires, dont 30 000 se sont concentrés sur la gestion du paludisme à domicile. Cela a permis de réduire considérablement le nombre de cas graves de paludisme et d'admissions à l'hôpital. Le gouvernement a également augmenté les dépenses dans le secteur de la santé, faisant preuve d'un réel engagement à mettre fin au paludisme.

Les histoires de David et de Shakira nous rappellent la misère que peut engendrer le paludisme, mais aussi ce qu'il est possible de faire. Avec davantage d'investissements de la part de nos dirigeants, combinés à une sensibilisation et à une action accrues, nous pouvons faire en sorte que les enfants du monde entier aient la chance de grandir en bonne santé.

Rwanda

L'histoire de David et Shakira

Dans un village rwandais, Venuste, 56 ans, s'occupe de sa petite ferme où il cultive du maïs, des bananes, du manioc et des haricots. Comme beaucoup de membres de sa communauté, ses moyens de subsistance dépendent à la fois des conditions météorologiques imprévisibles et de la santé de sa famille.

Ces dernières années, le changement climatique a rendu l'agriculture de plus en plus difficile, et la menace constante du paludisme a pesé lourdement sur lui et sa communauté. Toutefois, grâce au travail dévoué des agents de santé communautaire, la lutte contre le paludisme a commencé à évoluer.

Venuste se souvient du début des années 2000 comme d'une période charnière où les conditions météorologiques sont devenues irrégulières. Les saisons sèches et rigoureuses ont flétri ses cultures, tandis que d'autres années ont été marquées par des inondations qui les ont noyées. « 

Lorsque les conditions météorologiques sont extrêmes, il est difficile de cultiver suffisamment de nourriture pour ma famille

je dois travailler encore plus dur pour que nous ne mourrions pas de faim.

En 2014, le Rwanda a connu une résurgence du paludisme. Les agents de santé communautaire n'avaient pas encore été introduits dans les communautés rurales, ce qui rendait la maladie encore plus dangereuse. En l'absence d'agents de santé locaux, les gens restaient chez eux lorsqu'ils tombaient malades, effrayés par le coût et la distance à parcourir pour se rendre à l'hôpital. « 

Lorsque quelqu'un arrivait à l'hôpital, il était souvent trop tard 

Aujourd'hui, la situation s'est améliorée. Le village de Venuste compte désormais quatre agents de santé communautaire, ce qui permet aux familles d'accéder rapidement et facilement aux tests et aux traitements contre le paludisme. Venuste souligne l'importance de cet aspect : «

 On peut faire un test de dépistage du paludisme à la maison ou au centre de santé local. Vous pouvez rapidement obtenir l'information et prendre les mesures nécessaires pour vous soigner.

Le paludisme reste une menace, en particulier pour les agriculteurs comme Venuste qui travaillent dans des zones marécageuses propices à la reproduction des moustiques. Les systèmes d'irrigation qui permettent de maintenir en vie des cultures telles que celle des bananes favorisent également des eaux stagnantes, où les moustiques se développent.

Malgré ces difficultés, Venuste se sent davantage capable de protéger sa famille. « 

Les agents de santé communautaire sont comme des parents : ils sont là chaque fois que nous avons besoin d’aide 

», déclare-t-il. En plus de s'appuyer sur les agents de santé communautaire, Venuste prend des mesures préventives à la maison. Il veille à ce que sa famille dorme sous des moustiquaires, débarrasse les alentours de sa maison des buissons et des eaux stagnantes, et se fait soigner rapidement lorsqu'il tombe malade.

Le message de Venuste aux dirigeants est clair : « 

Donnez aux agents de santé communautaire tout ce dont ils ont besoin, car ils font une réelle différence en nous aidant à lutter contre le paludisme. 

Grâce aux efforts des agents de santé communautaire et à la distribution de moustiquaires et d'autres outils de lutte contre le paludisme, Venuste pense que de nombreuses vies ont été sauvées dans son village.

L'histoire de Venuste 

Adeline, journaliste et mère célibataire dévouée de deux enfants dans la région rurale de Bugesera, au Rwanda, a vécu l'un des moments les plus pénibles de sa vie lorsque sa fille Tania est tombée gravement malade du paludisme.

Après avoir reçu un message paniqué de l'école de Tania, Adeline a quitté précipitamment son travail et a trouvé sa fille prise d’une forte fièvre — affichant une température de 39,8 °C —, déshydratée et tremblante. L'hôpital l’a informé que l'état de Tania était critique, ses organes étant menacés par le manque d'oxygène.

« J'étais tellement stressée que je ne pouvais ni marcher, ni parler, ni même demander du soutien à ma famille. Je ne pensais qu'à sauver ma fille... J'ai cru que je la perdais », se souvient Adeline. Pendant huit heures, les médecins ont lutté pour stabiliser l'état de Tania.

Cette épreuve a mis à mal le bien-être émotionnel et financier d'Adeline. Sans assurance maladie, elle a été contrainte de payer des soins hospitaliers privés et, s’occupant seule de Tania, elle n'a pas pu travailler pendant trois semaines, ce qui a encore réduit sa capacité à subvenir aux besoins de sa famille.

Le paludisme reste un problème persistant dans la communauté d'Adeline, où les moustiques se reproduisent dans les eaux stagnantes. Pourtant, l’espoir demeure. Adeline est reconnaissante au gouvernement rwandais pour les efforts considérables déployés contre la maladie. Elle parle de l'utilisation de drones pour pulvériser les zones infestées de moustiques et de la pulvérisation à effet rémanent à l’intérieur des habitations pour tuer le moustique mortel anophèle, qui transmet le parasite du paludisme. Le gouvernement fait également du porte-à-porte avec des brochures et des informations qui encouragent les habitants à dormir sous des moustiquaires et à neutraliser les buissons envahissants et les eaux stagnantes se trouvant à proximité de leur domicile.

Adeline estime que la protection des groupes vulnérables, en particulier les enfants et les femmes enceintes, est un élément essentiel de la lutte contre le paludisme.

Elle espère que Tania, qui souffre d'asthme depuis son plus jeuneâge, réalisera son rêve de devenir médecin et d'aider les autres. Inspirée par les soins médicaux qu'elle a reçus, elle espère qu'un jour Tania sauvera des vies menacées par le paludisme, contribuant ainsi à concrétiser la vision de sa mère d'un avenir plus sain.

L'histoire d'Adeline 

ALMA

PROMOFIX 

Claudine et ses deux fils, Shema et Joshua, vivent à la périphérie de Kigali. L'été dernier, ils sont tombés malades du paludisme l'un après l'autre. Pour Claudine, l'expérience a été bouleversante.

J'avais de la fièvre, des douleurs articulaires et je me sentais très mal. 

» Elle a dû se rendre dans une clinique privée pour se faire tester correctement. Puis il y a eu Shema : alors qu'il était à l'école, son professeur a remarqué qu'il ne se sentait pas bien et a appelé Claudine. « 

Au début, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un simple rhume

mais il est devenu fiévreux dans la soirée et j'ai décidé de l'emmener à l'hôpital le lendemain matin.

Ils m'ont fait deux prises de sang et m'ont dit que j'avais le paludisme. Je me suis senti très mal. Je sais que le paludisme peut avoir des conséquences graves ; on peut en souffrir longtemps et en mourir.

 » Peu de temps après Shema, Joshua est tombé malade à son tour. « 

Il s'est endormi sans souci une nuit, mais quand il s'est réveillé, il avait de la fièvre et des maux de tête

. » Claudine a su alors exactement de quoi il s’agissait : « 

Je l'ai immédiatement emmené à l’hôpital.

Avoir trois membres de la famille malades en même temps a été incroyablement difficile pour Claudine. Elle devait encore s'occuper du ménage, préparer Shema pour l'école et gérer les frais médicaux — qui peuvent être beaucoup plus élevés dans les cliniques privées. « 

Parfois, vous n'avez pas assez d'argent. Mais quand vous avez un enfant malade, vos amis vous aident — personne ne refuse de vous prêter de l'argent en cas d’urgence.

L’impact du paludisme sur l’éducation de Shema a été important. Après avoir manqué l'école, il est revenu pour passer ses examens sans être encore sorti d'affaire. « 

Le professeur a dit que je devais le garder à la maison pour qu'il se rétablisse

ils ont accepté de combiner les résultats de ses examens avec ceux qu'il avait réussi à passer. Mais cela a tout de même beaucoup affecté son éducation.

Les conséquences économiques du paludisme ont également pesé lourd sur Claudine. « 

Lorsque votre enfant tombe malade à cause du paludisme, vous ne pouvez pas du tout aller travailler. S'occuper de son enfant passe avant tout. L'argent que vous économisiez pour autre chose, comme les frais de scolarité, doit être consacré aux médicaments.

Du passé au présent : progrès et espoir

Claudine a grandi dans la campagne rwandaise, où l'accès au traitement du paludisme était très différent. « 

À l'époque, il était difficile de trouver quelqu'un dans le village qui avait ne serait-ce que 1 000 francs

nous n'avions pas de moyen de transport pour nous rendre à l'hôpital et les gens ne comprenaient pas ce qu'était le paludisme. Nous utilisions la médecine traditionnelle, ce qui entraînait des complications.

Aujourd'hui, Claudine connaît l'importance d'une prévention et d'un traitement adéquats. « 

Nous luttons contre le paludisme en dormant sous des moustiquaires et en éliminant les eaux stagnantes à proximité

nous fermons également nos fenêtres à 17h30 pour empêcher les moustiques de pénétrer à l’intérieur 

». L'adoption de ces mesures simples par les particuliers, la détermination du gouvernement rwandais à lutter contre la maladie — ainsi que le traitement au niveau communautaire — ont permis de faire chuter de manière spectaculaire le nombre de cas de paludisme.

Le Rwanda a réalisé de grands progrès dans la lutte contre le paludisme ces dernières années, en grande partie grâce à l'équipe nationale d'agents de santé communautaire — forte de 60 000 personnes — qui fournit des soins essentiels directement aux familles, au plus près de chez elles.

Je serais très heureuse qu'il n'y ait plus de paludisme. Les enfants seraient en meilleure santé, les familles auraient moins de soucis et personne ne manquerait l'école ou le travail à cause de la maladie

Pour Shema, 8 ans, la demande est simple : « 

Les gens doivent lutter contre le paludisme parce qu'il peut tuer. Il faut fournir des médicaments pour que nous puissions guérir.

L'histoire de Claudine, Shema et Joshua 

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« Chaque minute, un enfant meurt du paludisme. C’est une maladie terrible, qui a des répercussions sur l’avenir de jeunes comme moi : elle perturbe notre vie, nos études et nos chances de nous en sortir. »

Les changements climatiques à travers le monde rendent le paludisme encore plus difficile à contrôler.

Nous, enfants, avons un message clair : nous avons besoin que les gouvernements du monde entier prennent des mesures et investissent maintenant pour mettre fin au paludisme de notre vivant.

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Ellyanne Wanjiku Chlystun

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« Autrefois, nous savions qu’il ne pleuvrait pas en hiver, explique Celina. Mais de nos jours, c’est devenu... normal. »

La majeure partie du quartier où vit Celina, dans le district de Boane, au Mozambique, s’est retrouvé sous l’eau. La zone avait déjà été touchée par des inondations, mais la situation est devenue dramatique avec l’arrivée du cyclone Freddy, le cyclone tropical le plus long de l’histoire.

Après s’être réfugiés dans une école pendant dix jours, Celina et ses enfants sont rentrés chez eux, où ils ont trouvé toutes leurs affaires couvertes de boue et détruites par l’eau. Les récoltes de la famille ont elles aussi été détruites.

Des gens ont alors commencé à tomber gravement malades, notamment les deux petites filles de Celina.

« Nous n’avions pas de moustiquaires. Nous nous contentions de fuir l’eau dans nos maisons, a-t-elle déclaré. Je ne voulais pas croire la vérité. Mais quand je suis arrivée à l’hôpital, c’est là que j’ai vu qu’il s’agissait du paludisme. »

Pour Celina, apprendre que ses deux filles souffraient du paludisme fut terrifiant. Six mois seulement avant le passage du cyclone, son mari, Maxaieie, 35 ans, était rentré tard du travail avec de la fièvre, et il était tombé malade.

« C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que j’étais seule désormais. Je suis le père et la mère de mes enfants », dit-elle.

Une fois reconnues atteintes de paludisme et rapidement mises sous traitement, les deux filles de Celina se sont toutes deux complètement rétablies.

©The Global Fund/Tommy Trenchard/Rooftop

Celina Tembe

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Mujahid est un pêcheur de la région des lacs Manchar au Pakistan, dont le fils Taimur, âgé d’un an, a attrapé le paludisme en 2022 après les inondations de la mousson. Il a été pu être soigné grâce aux services de santé mis à disposition par des cliniques itinérantes, qui ont été utilisées dans toute la région.

« Lorsque l’inondation est arrivée, elle nous a causé beaucoup de problèmes. Ce n’était pas une petite inondation. Il y a eu énormément d’eau. Tous les villages étaient sous les eaux. Ma maison a été détruite. Notre vache et tout notre bétail sont morts. Sept à huit jours après, mon enfant a contracté une fièvre qui ne diminuait pas. Il refusait d’avaler quoi que ce soit et vomissait. Il y avait une infirmerie itinérante ici. Nous y sommes allés et avons fait tester mon enfant et on nous a dit qu’il souffrait du paludisme. Ils nous ont donné des médicaments. Grâce à Dieu, il a été guéri.

« De nombreux villageois sont tombés malades. Certains souffraient de paludisme. Nous utilisions également ces eaux de crue pour boire. Ça a été très dur économiquement. Nous avons essayé de traverser cette période du mieux possible. Pendant un mois, l’inquiétude a été à son comble. Il n’y avait aucun moyen de subsistance », se rappelle Mujahid.rn” says Mujahid.

©The Global Fund/Saiyna Bashir/Panos

Mujahid Ali

Suzy est une Miskito, une communauté autochtone d’Amérique centrale.

Depuis qu’elle est devenue bénévole en santé communautaire il y a vingt ans, Suzy a vu des milliers de patients, qu’elle a testés ou traités contre le paludisme.

« Chaque semaine, on accueille entre 25 et 30 personnes. J’aime mon peuple. Ils viennent chez moi et je m’occupe d’eux la nuit, le matin, à n’importe quelle heure, dit-elle. Je m’occupe de tout le monde, d’où qu’ils viennent. »

« Je prends des échantillons de sang, je fais des tests de diagnostic rapide et je pose un diagnostic. Je leur donne ensuite immédiatement des comprimés », explique-t-elle.

En 2020, le Covid-19 a frappé, et plus tard, la même année, la tempête tropicale Eta a dévasté le pays, suivie de l’ouragan Iota seulement deux semaines plus tard. Les tempêtes meurtrières ont entraîné la fermeture des unités de santé, y compris des établissements offrant des services contre le paludisme. La surveillance et le traçage des cas de paludisme ont dû être réduits, et moins de personnes se sont rendues dans les cliniques pour se faire tester et traiter par crainte de contracter le Covid-19.

En 2020, plutôt que d’enregistrer une diminution, comme l’avait fait le Honduras presque chaque année au cours des deux dernières décennies, le nombre de cas de paludisme déclarés a augmenté.

©The Global Fund/Tomas Ayuso/Panos

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Écoutez les voix des enfants qui appellent les dirigeants du monde à mettre fin au paludisme pour sauver la vie de millions d'enfants.

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Filette a 14 ans et vit dans la banlieue de Kigali, au Rwanda. Comme beaucoup d'enfants de sa communauté, elle ne connaît que trop bien le fardeau que représente le paludisme. La dernière fois qu'elle est tombée malade, elle a dû manquer l'école, et par conséquent d’importants examens de fin d'année.

J'ai dû passer tous mes examens en même temps à mon retour

c’était très stressant. On ne peut pas avoir de bonnes notes quand on les passe tous en même temps.

Mais manquer les examens n'est qu'une partie du problème : pour de nombreuses familles, le paludisme représente un lourd impact financier.

La mère de Filette n'a pas de revenus réguliers, et s'occuper de sa fille signifiait rester à la maison, sans pouvoir sortir pour chercher du travail. « 

Elle ne pouvait pas me laisser seule quand j'étais malade 