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L'histoire de Claudine, Shema et Joshua
Rwanda
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Claudine et ses deux fils, Shema et Joshua, vivent à la périphérie de Kigali. L'été dernier, ils sont tombés malades du paludisme l'un après l'autre. Pour Claudine, l'expérience a été bouleversante.
Tout a commencé avec Claudine : « J'avais de la fièvre, des douleurs articulaires et je me sentais très mal. » Elle a dû se rendre dans une clinique privée pour se faire tester correctement. Puis il y a eu Shema : alors qu'il était à l'école, son professeur a remarqué qu'il ne se sentait pas bien et a appelé Claudine. « Au début, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un simple rhume raconte-t-elle, mais il est devenu fiévreux dans la soirée et j'ai décidé de l'emmener à l'hôpital le lendemain matin. »
Shema se souvient de ce jour-là : « Ils m'ont fait deux prises de sang et m'ont dit que j'avais le paludisme. Je me suis senti très mal. Je sais que le paludisme peut avoir des conséquences graves ; on peut en souffrir longtemps et en mourir. » Peu de temps après Shema, Joshua est tombé malade à son tour. « Il s'est endormi sans souci une nuit, mais quand il s'est réveillé, il avait de la fièvre et des maux de tête. » Claudine a su alors exactement de quoi il s’agissait : « Je l'ai immédiatement emmené à l’hôpital. »
Le combat d'une mère
Avoir trois membres de la famille malades en même temps a été incroyablement difficile pour Claudine. Elle devait encore s'occuper du ménage, préparer Shema pour l'école et gérer les frais médicaux — qui peuvent être beaucoup plus élevés dans les cliniques privées. « Parfois, vous n'avez pas assez d'argent. Mais quand vous avez un enfant malade, vos amis vous aident — personne ne refuse de vous prêter de l'argent en cas d’urgence. »
L’impact du paludisme sur l’éducation de Shema a été important. Après avoir manqué l'école, il est revenu pour passer ses examens sans être encore sorti d'affaire. « Le professeur a dit que je devais le garder à la maison pour qu'il se rétablisse se souvient Claudine, ils ont accepté de combiner les résultats de ses examens avec ceux qu'il avait réussi à passer. Mais cela a tout de même beaucoup affecté son éducation. »
Les conséquences économiques du paludisme ont également pesé lourd sur Claudine. « Lorsque votre enfant tombe malade à cause du paludisme, vous ne pouvez pas du tout aller travailler. S'occuper de son enfant passe avant tout. L'argent que vous économisiez pour autre chose, comme les frais de scolarité, doit être consacré aux médicaments. »
Du passé au présent : progrès et espoir
Claudine a grandi dans la campagne rwandaise, où l'accès au traitement du paludisme était très différent. « À l'époque, il était difficile de trouver quelqu'un dans le village qui avait ne serait-ce que 1 000 francs raconte-t-elle, nous n'avions pas de moyen de transport pour nous rendre à l'hôpital et les gens ne comprenaient pas ce qu'était le paludisme. Nous utilisions la médecine traditionnelle, ce qui entraînait des complications. »
Aujourd'hui, Claudine connaît l'importance d'une prévention et d'un traitement adéquats. « Nous luttons contre le paludisme en dormant sous des moustiquaires et en éliminant les eaux stagnantes à proximité explique-t-elle, nous fermons également nos fenêtres à 17h30 pour empêcher les moustiques de pénétrer à l’intérieur ». L'adoption de ces mesures simples par les particuliers, la détermination du gouvernement rwandais à lutter contre la maladie — ainsi que le traitement au niveau communautaire — ont permis de faire chuter de manière spectaculaire le nombre de cas de paludisme.
Le Rwanda a réalisé de grands progrès dans la lutte contre le paludisme ces dernières années, en grande partie grâce à l'équipe nationale d'agents de santé communautaire — forte de 60 000 personnes — qui fournit des soins essentiels directement aux familles, au plus près de chez elles.
« Je serais très heureuse qu'il n'y ait plus de paludisme. Les enfants seraient en meilleure santé, les familles auraient moins de soucis et personne ne manquerait l'école ou le travail à cause de la maladie », déclare Claudine.
Pour Shema, 8 ans, la demande est simple : « Les gens doivent lutter contre le paludisme parce qu'il peut tuer. Il faut fournir des médicaments pour que nous puissions guérir. »
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